vendredi 20 mai 2011

Désespérance ou des espérances?

De Tanger à Oslo les mêmes mal-êtres, les mêmes souffrances, le même sentiment de solitude et de perdition...ces quelques mots résument les deux films vus ce matin à La Licorne.

Que cela soit « Sur la planche » film franco-allemand- marocain de Leïla Kilani dans la sélection de la quinzaine des réalisateurs ou « Oslo, august «31st », film norvégien de Joachim Trier, tous deux nous entrainent dans la fuite en avant de jeunes livrés à eux mêmes cherchant, sans réel espoir, à échapper à leur destin.

Le monde qu'affrontent les jeunes marocaines de « Sur la planche » est effrayant de noirceur, de solitude et d'absence de perspective: de leur village d 'origine à l'usine de décorticage de crevettes où elles travaillent, des bas fonds dans lesquels elles vivent, aux trottoirs qu'elles arpentent les nuits à la recherche du client et du gogo qu'elles pourront détrousser, elles rêvent d' ailleurs ...celui ci se résumant à la zone franche du port où les entreprises européennes de textile offrent des emplois plus « respectables »....

La misère, certes matérielle mais surtout morale, imprègne totalement ces jeunes filles tout comme l'odeur des crevettes qu'aucune décoction et nettoyage frénétique ne parviennent à faire disparaître. Si la description du port de Tanger, annexe de la mondialisation, est intéressante, on a du mal à rester «  accrocher » au film : des longueurs, des plans souvent répétés et une noirceur « plombante » nous laissent finalement perplexes.

A des milliers de kilomètres de là, avec «  Oslo, august 31st », nous rencontrons la lumière des villes du nord à travers le regard d'un jeune homme torturé. Arrivé à la fin d' un programme de désintoxication, il doit affronter une épreuve : retourner dans la capitale norvégienne afin de solliciter un emploi. L'angoisse qui l'étreint le pousse au suicide avant, dans un sursaut d'espoir, de finalement partir à la recherche de ses anciens amis et parents. Cette quête de lui même le conduit sur les traces de son passé … passé qui, malgré les années, lui colle toujours à la peau. Toutes ses rencontres le remplissent de mélancolie et ne font que renforcer sa solitude immense et sa certitude d'avoir raté sa vie..au point de se laisser rattraper par ses vieux démons...

Une fois le film terminé, frappés par tant de désespérance, nous restons silencieux avec, en mémoire, le regard et le sourire « doux-amers » du « héros » de cette histoire.

Isabelle Madenspacher

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